Voici ce qu’écrit Soeur Faustine le Jour de l’An 1938 à l’intention de son père spirituel :
« J.M.J. Année 1938, Premier Janvier. Sois la bienvenue, Année Nouvelle, durant laquelle ma perfection sera parachevée ! Je te remercie d’avance, Seigneur, pour tout ce que ta bonté m’enverra. Je te remercie pour la coupe de souffrance que je boirai tous les jours. N’en adoucis pas l’amertume, Seigneur,
mais fortifie mes lèvres, afin qu’en la buvant, je puisse sourire par amour pour toi, ô mon Maître !
Je te remercie pour toutes les consolations et les grâces innombrables qui, telle la rosée du matin,
se répandent chaque jour sur moi, sans bruit, imperceptiblement, si bien qu’elles sont invisibles aux regards curieux des créatures et ne sont connues que de toi et de moi.
Je te remercie pour tout cela, dès aujourd’hui, parce que mon coeur ne sera peut-être
pas capable de te rendre grâce au moment où tu me tendras cette coupe. » (PJ 1449)
Méditation :
Soeur Faustine est consciente de l’extrême gravité de la maladie qui la ronge depuis plusieurs années déjà et elle se sait à bout de forces. Elle ne résiste pas et se remet depuis longtemps entre les mains de Dieu, trouvant son refuge dans la communion parfaite à laquelle Jésus l’invite. En adressant ces mots à son père spirituel, le père Sopoćko, elle offre ici un exemple d’humilité extrême et de confiance absolue en Jésus.
Que nous souhaitons-nous devant la crèche pour la Nouvelle Année ? Bonheur et santé ? Ne s’agit-il pas pour nous, chrétiens, de quelque chose de plus, si cela est possible : que le Seigneur nous accorde assez de force intérieure pour résister aux attaques de l’ennemi. Pour communier à la source de Vie en acceptant de communier aux épreuves que le Christ a endurées pour nous.
A l’instant où le Seigneur est placé dans la crèche, il devient mystérieusement le Serviteur Souffrant annoncé par le prophète Isaïe. Marie et Joseph l’adorent comme le Divin Enfant, mais nous devons le contempler déjà, comme nous le faisons à Gallardon, au pied de la Croix du supplice. Les bergers s’agenouillent devant le Seigneur des Puissances, mais nous le voyons déjà avancer devant nous, revêtu du manteau de pourpre des soldats romains et de la tunique ensanglantée. Les mages le vénèrent en reconnaissant en lui le Roi des juifs. Ils viennent déposer à ses pieds d’une manière prophétique la myrrhe. Mais nous entrevoyons déjà dans ce geste Marie Madeleine et ses deux compagnes, courant lui porter avant l’aube la myrrhe de l’ensevelissement. La couronne d’épines de ce Roi des Rois, imprimée sur le linge qui enveloppe l’Enfant Jésus dans notre crèche, nous la portons toujours, elle nous a été léguée en même temps que la bonne nouvelle de sa Résurrection. Les trous dans les mains, les pieds et au côté nous sont toujours douloureux, jusqu’à la fin du monde, dans toutes les épreuves que nous vivons chaque jour. Que nous les exposions aux yeux de nos semblables ou que nous les tenions secrets dans notre vie cachée en Christ, nous les offrons en sacrifice vivant au Père du Ciel. Voilà notre carte d’identité de chrétiens : nous en remettre à la volonté du Père, redire chaque jour : « Notre Père, Que ta volonté soit faite » et « Qu’il m’advienne selon ta parole… ».
Seigneur Jésus, dans notre monde où personne ne veut plus devoir être soumis à personne, viens en aide à tes frères qui désirent se soumettre au Père pour témoigner de Son amour sans mesure pour tous les hommes. Aide-nous à accepter Sa volonté sur nous, à tâcher de la déceler, de la repérer dans l’histoire de nos vies, de l’analyser pour le temps que nous vivons, de la comprendre à notre humble mesure. Aide-nous à nous efforcer aussi de rendre grâce pour chaque grâce secrètement reçue. Et si nous ne parvenons pas à tout cela, aide-nous à nous en remettre à ceux qui nous conseillent et à qui, par l’ordination, ton Père a fait don de l’Esprit Saint pour éclairer de façon particulière nos âmes. Afin qu’au moment le plus critique, nous puissions dire ces versets du psaume 30 :
« Mon Père, ‘En tes mains, je remets mon esprit,
Tu me rachètes, Dieu de Vérité.
Tu ne m’as pas livré aux mains de l’ennemi,
Devant moi, tu as ouvert un passage.’ »
fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert