Voici ce qu’écrit sœur Faustine dans son Petit Journal le 11 décembre 1936, à l’intention de son père spirituel. Elle fait un séjour à l’hôpital :
« J’ai été réveillée pendant la nuit, et j’ai compris qu’une âme me demandait de prier pour elle,
et qu’elle avait un grand besoin de prières. Brièvement, mais de toute mon âme,
j’ai demandé au Seigneur de lui accorder sa grâce. » (P.J. 809)
Méditation :
Le Seigneur incite ses fidèles à devenir une urne de dépôt de prières à ses pieds. Il nous demande de bien veiller à intercéder réellement pour ceux qui nous sollicitent pour demander à Dieu une grâce. Nous ne pouvons pas nous dérober, et quel que soit le moment. Qu’il ne nous arrive pas de répondre oui et d’oublier en chemin dans la journée… car nos frères se remettent entre nos mains avec confiance, pour que nous les remettions entre celles du Seigneur, et c’est la grâce que le Seigneur accorde avant tout aux saints et à la Vierge Marie ! Oui, nos frères ont en nous cette confiance-là.
Et puis, c’est un peu surprenant, nous recevons parfois, comme sœur Faustine, dans les veilles de la nuit, dans nos brusques réveils et dans nos insomnies, et pendant nos journées aussi, de tels appels intérieurs, ceux de l’Esprit du Seigneur qui sollicite notre intercession pour l’amour de nos frères dans l’épreuve. Le Seigneur nous demande de nous tenir prêts pour nous insérer entre nos frères et des dangers qui les poursuivent, pour que notre prière leur serve de bouclier et qu’ils puissent un peu souffler, se recueillir, pour qu’ils aient l’âme plus libre pour pouvoir s’élever de nouveau et se tourner vers le Seigneur. C’est ce que raconte sœur Faustine dans la suite de ce passage : le lendemain, dit-elle, le Seigneur lui fait comprendre cet appel pressant de la nuit en la conduisant auprès d’une agonisante de l’hôpital. Elle récite pour la première fois du monde le chapelet de la Miséricorde à son chevet et elle la voit libérée du combat qu’elle menait contre la mort depuis la nuit.
Nous reflétons intérieurement jour et nuit la gloire du Seigneur comme dans un miroir et nos frères le perçoivent peut-être… Certains frères, même des pratiquants, même des disciples de la Miséricorde tout près de nous, ne peuvent plus, pour diverses raisons, trouver la force dans l’épreuve, ils sont comme épuisés, même ponctuellement. A qui cela n’arrive-t-il jamais ? Le Seigneur sait tout cela et nous sollicite alors pour prendre leur relais, dans une belle et tendre œuvre de Miséricorde. L’enjeu n’est pas moins que le salut de ces âmes : il s’agit, même ponctuellement, de les arracher aux filets qui leur sont tendus, de les mener par une puissante intercession d’amour vers l’abri, vers la forteresse, vers le Rocher qu’est le Seigneur Jésus.
Il existe particulièrement deux lieux où nous pouvons voir que cette prière d’intercession est particulièrement chère à Dieu, c’est le confessionnal et le début de la Sainte Messe. Dans la belle ombre du confessionnal, la plus propice qui soit au salut des âmes, la plus puissante et la plus ardente des prières de l’ombre, tout contre le cœur du Seigneur, c’est la prière secrète du prêtre qui écoute notre aveu. Il se laisse pénétrer ainsi de l’Esprit Saint pour nous parler à la place de Jésus qui est là, dans l’invisible. C’est notre salut qui est purement et simplement en jeu à ce moment-là, et le confesseur intercède puissamment au moment où notre faiblesse fait le plus grand creux en nous.
Et pensons au début de la messe, à la récitation du Je confesse à Dieu. Qui parmi nous ne considère pas comme une simple formule la prière pourtant insistante : « Je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu » ? Qui parmi nous prie alors sans délai pour tous les frères rassemblés ? Ne devons-nous pas à ce moment-là, brièvement mais de toute notre âme, lancer vers Dieu notre supplication pour la conversion permanente de tous les frères qui sont rassemblés dans l’église autour de nous, et pour le célébrant, et pour tous ceux qui dans le monde à la même heure prononcent cette supplication ? « …Et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu » !
Profitons de notre cœur-à-cœur ardent dans la célébration de la messe pour remuer les entrailles du Seigneur, pour implorer sa Miséricorde sur nos frères dans la souffrance, pour nous mettre à genoux pour eux, leur prêter notre voix, nos mains, notre cœur, nos larmes même, en nous tournant vers le Seigneur qui se livre sur l’Autel pour le monde entier.
fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert
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