Voici ce qu’écrit sœur Faustine à l’intention de son père spirituel
le 2 janvier 1938:
« Ô mon Jésus, lorsque je ne suis pas comprise et que mon âme est tourmentée, je désire rester un moment seule, uniquement avec toi. Les paroles des humains ne me sont d’aucun réconfort. Ne m’envoie pas, Seigneur, de messagers qui me disent seulement ce qui vient d’eux, ce que leur dicte leur propre nature. Ces consolateurs me fatiguent beaucoup » (PJ 1461)
Méditation :
Au début de l’année 1938, sœur Faustine écrit que sa tuberculose s’aggrave mais que personne au couvent ne semble prendre son état au sérieux. Ces passages sont comme une longue plainte à cœur ouvert, et Jésus lui dit qu’il reçoit sa souffrance et sa patience pour les redistribuer en grâces à un grand nombre d’âmes (PJ 1459).
Ce que les hommes ne peuvent comprendre de notre cœur, Jésus lui, l’entend. Si nous le formulons devant lui au confessionnal, il sépare en nous l’ivraie du bon grain pour la jeter au feu. Si nous nous présentons à genoux, le plus simplement possible, dans notre sincérité, devant lui, il déracine le mal et l’écarte de nous, il détourne le malin et rétablit toute justice. Et, si nous avons eu la grâce d’offrir à Dieu nos épreuves en prenant modèle sur le Christ lui-même, nous pouvons lui demander de le compter comme œuvre de miséricorde, en réparation pour les offenses du monde.
Le Seigneur nous invite aussi au silence pour écouter ce qu’il a à nous dire, seul à seul. Au silence dans de longs instants de prière personnelle, et dans les petits moments propices au recueillement de notre vie quotidienne. Et surtout devant le Seigneur présent au Saint Sacrement, pour que les nœuds qui étouffent nos vies se défassent. Pour que la miséricorde de Dieu vienne reposer en nous. Ménageons ce temps d’accueil de la paix de Dieu qui nous comblera de l’esprit de patience, de pardon envers le prochain, d’abandon à la volonté de Dieu sur nous.
Ce silence nous met dans l’attente. Lorsque l’épreuve nous submerge et même nous désespère, l’attente dans le silence est la porte d’entrée en nous qui s’ouvre à Dieu. Et Dieu nous apporte autre chose que ce que sœur Faustine appelle le « réconfort des paroles humaines », il nous apporte la consolation. C’est-à-dire la puissance du salut : au moment où l’âme se dessèche, la parole de Dieu s’adresse à nous, personnelle, concrète. Comme dit Isaïe, « ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles, ils déploient leurs ailes d’aigle, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer… Ne crains pas, je suis avec toi, ne sois pas troublé, je suis ton Dieu, je t’affermis. » (Is 40, 31 et 41, 10)
Transportons-nous ensuite en esprit devant le Tableau de la Miséricorde et faisons couler silencieusement le débordement de notre cœur, nos amertumes, nos douleurs physiques, dans le cœur ouvert de Jésus. Il attend de nous que nous déposions aussi en lui les intentions ouvertes ou secrètes de ceux qui nous causent du souci, du mal, des douleurs, de l’amertume, pour qu’il les convertisse. Le Seigneur accordera à tous le rétablissement, la clairvoyance et la guérison, la force spirituelle véritable, si nous les demandons pour tous, avec la grâce de leur pardonner. Ce sera pour nous un acte très humble de miséricorde.
Frère Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert
