Voici ce qu’écrit Soeur Faustine en août 1937, à l’intention de son père spirituel :
« Mon Jésus, remplis-moi tout entière, afin que je puisse te refléter dans toute ma vie. Divinise-moi, afin que mes actes aient une valeur surnaturelle. Fais que j’aie pour toute âme, sans exception, de l’amour, de la compassion et de la miséricorde. Ô mon Jésus, chacun des saints reflète l’une de tes vertus ; moi, je désire refléter ton coeur compatissant et plein de miséricorde, je veux le glorifier. Que ta miséricorde, ô Jésus, soit imprimée dans mon coeur et dans mon âme comme un sceau, et ce sera là mon emblème dans cette vie et dans l’éternité. Glorifier ta miséricorde est l’unique but de ma vie. » (PJ 1242)
Méditation :
Quand une salle est vide, sans une personne qui s’y tienne, un miroir qui y est accroché au mur ne reflète rien. C’est un principe d’optique. Toute la lumière du monde pourrait bien s’y poser, il ne reflèterait rien. Car pour qu’il y ait un reflet, il faut qu’un regard se pose sur le miroir.
Pour que nous reflétions Jésus, pour que nous soyons son miroir, même si cela nous fait un peu peur, nous devons nous laisser regarder par les autres : les frères vont poser leur regard sur nous et il faudrait qu’ils n’y voient que le Christ. Nous devons en quelque sorte à ce moment-là rendre le Christ visible.
C’est vertigineux. Bien sûr, personne n’en est digne ni ne peut s’en sentir capable. Comment ne pas nous voiler le visage ? C’est d’ailleurs ce que faisait Moïse, lui qui était si intime de Dieu qu’il avait reçu la grâce d’irradier Sa gloire lumineuse. C’était un peu envahissant, et il désirait rester si humble qu’il ne sortait pas parmi le peuple sans poser un voile sur son visage.
C’est vertigineux aussi car nous devons toujours être prêts. Voilà, en effet, que nous ne savons pas si nous serons en état de grâce quand se placera devant nous le frère à qui nous devrons refléter le Seigneur. Prenons exemple sur le miroir accroché au mur de la salle de bal, qui est prêt à refléter les beautés aux regards des autres beautés dès qu’elles entrent pour y danser. Il est prêt sous deux conditions : parce que quelqu’un l’a placé là au bon endroit, et parce qu’un serviteur l’a nettoyé et purifié de toute tache, pour que l’image rendue de la beauté soit parfaite.
On répondra à cela qu’être toujours prêts, humainement, c’est impossible. Mais voilà que le Seigneur nous invite sans cesse à recourir à ce qu’il a de plus accessible dans sa divinité, à ce qui fait le lien le plus beau et le plus intime entre sa perfection et notre imperfection, entre la sainteté et notre désir d’être saints comme Lui, à sa Miséricorde, à la grâce de la réconciliation. Il désire nous fondre en lui lorsque nous lui disons de tout notre coeur « Jésus, j’ai confiance en Toi », dans les moments où nous nous sentons incapables et faibles.
Si nous sommes dans cet état de grâce, le Seigneur fera de nous son reflet. Ou plus exactement son miroir, car le miroir est le support du reflet, son instrument matériel. Alors, sans que nous nous en rendions compte, nos mots, nos gestes, nos dons au frère qui est dans le besoin et que le Seigneur met sur notre chemin, auront une valeur surnaturelle. C’est-à-dire qu’ils auront des conséquences si puissantes qu’ils toucheront son coeur et sans doute même son corps en profondeur, dans des profondeurs inimaginables. Le père confesseur, qui est le premier serviteur de la Miséricorde de Dieu, comprend sans doute très bien cela.
Veillons donc, pour être miséricordieux, à être prêts à devenir le miroir du Seigneur Jésus, grâce à la confession fréquente et régulière et à la Sainte Communion désirée d’un grand désir.
fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert