Voici ce qu’écrit sœur Faustine dans son Petit Journal en 1934, à l’intention de son père spirituel :
«Ô mon Dieu, mon unique espoir,
j’ai mis toute ma confiance en toi et je sais que je ne serai pas déçue. » (PJ 317) Méditation :
Dans le passage qui précède, sainte Faustine dit que la Vierge Marie lui a annoncé qu’elle doit s’attendre à de grandes souffrances à cause de la maladie mais aussi à cause du Tableau de la Miséricorde que le peintre est en train d’achever et qu’il va falloir exposer au monde. La jeune sœur rend alors grâce à Dieu de préparer son cœur pour qu’il ne se laisse pas surprendre.
Ce lien entre nos souffrances et le Tableau est donc présenté comme fondamental par sœur Faustine à son père spirituel, qui suit pas à pas la réalisation du Tableau et l’évolution spirituelle de la religieuse que Dieu lui a confiée. Et ce lien est celui de la confiance. Sur le Tableau, Jésus glorifié sort des ténèbres et des souffrances de sa Passion et il nous invite à nous adresser à lui dans une prière très simple qu’il exige de faire écrire sous ses pieds : Jésus, j’ai confiance en toi. C’est-à-dire : Prononce mon Nom, Jésus, celui qui est au-dessus de tout nom et qui peut tout, et dépose à mes pieds, dans un acte volontaire, toutes les épreuves que tu dois vivre en ce moment. Dépose aussi celles de jadis qui sans cesse te tourmentent, et celles qui ne manqueront pas d’arriver. Je ne ferai pas toujours qu’elles ne soient plus, mais je ferai que tu les dépasses, grâce à ta foi en moi.
Quand nous demandons une grâce au Seigneur, nous sommes souvent dans une forme plus ou moins consciente de marchandage : nous apportons notre paquet de demandes, et dans la supplication il nous arrive de dériver vers l’exigence. C’est que nous sommes à ce moment-là tellement centrés sur nous-mêmes ou sur le cas qui nous a été confié que nous n’avons plus beaucoup de clairvoyance, alors que Dieu, lui, sait ce qui est bon pour nous et pour celui pour qui nous prions. La confiance à laquelle Jésus nous invite devant le Tableau, n’est pas uniquement celle qui lui ferait dire : « Ne crains pas, tout va bien se passer. », mais c’est une invitation à une véritable conversion : la confiance, c’est la posture spirituelle de l’homme humble, c’est-à-dire de celui qui accepte le plus grand abandon de soi à la volonté de son Seigneur. Et non seulement pour ces minutes où il est devant le Tableau avec sa liste d’intentions, mais sans cesse, pour tous les domaines de sa vie, chaque jour et toute la journée. La confiance, c’est la posture spirituelle de celui qui laisse Dieu tout faire en lui.
Ce faisant, nous pouvons alors repartir du Tableau avec une autre qualité de vie : si Dieu est celui qui prend en charge notre vie quotidienne et non plus nous, nous lui permettons alors de faire de nous les instruments de sa Miséricorde, chaque jour et chaque fois qu’il aura besoin de nous pour agir par nous. Ainsi, nos bonnes œuvres charitables ne seront plus les nôtres, pauvres et restreintes quoi que nous en pensions, mais l’action de Dieu sur les corps et dans les cœurs de ceux qui se présenteront sur nos chemins, action de Dieu à l’énergie puissante, transperçante et transfigurante, dont nous n’avons pas idée, qui guérit l’être tout entier.
Ainsi, quand nous disons cette simple phrase « Jésus, j’ai confiance en toi », quittons donc notre petit nous-mêmes restreint, et prions Dieu, qui a toute puissance pour attirer à lui tous ceux qu’il veut, de nous retourner radicalement vers lui et d’accepter de venir habiter définitivement en nous.
fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert
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